Peut-on se remarier à l’église ?
Le remariage à l’église est une question délicate qui soulève certaines interrogations au sein de la communauté catholique. Il existe plusieurs cas de figure et l’Eglise catholique envisage la possibilité d’un second mariage religieux, à condition que certains critères soient respectés. Tour d’horizon des différentes possibilités dans le cadre d’un remariage catholique.
Remariage à l’église après un veuvage
Le premier cas de remariage à l’église concerne bien sûr les veufs et veuves. Le sacrement du mariage est indissoluble uniquement sur la période de la vie terrestre des deux époux. Lorsque l’un des deux décède, le sacrement est rompu et il est tout à fait possible de se remarier à l’église après avoir fait son deuil. Il sera uniquement demandé au veuf ou à la veuve de fournir un certificat de décès de son ancien conjoint.
Remariage à l’église suite à un divorce
Le remariage à l’église suite à un divorce est plus complexe et répond à des règles différentes.
On distingue deux cas principaux :
- L’un des deux époux a connu un premier mariage civil, mais non religieux, auquel cas il est tout à fait possible de se remarier à l’église puisque l’Eglise Catholique ne reconnaît pas le mariage civil ;
- L’un des deux époux s’est marié une première fois devant Dieu et a divorcé. L’Eglise Catholique considère alors le mariage religieux comme un sacrement indissoluble et ne peut accepter un second mariage, qu’il s’agisse d’une messe ou d’une simple bénédiction des alliances.
Il existe cependant de rares cas où elle peut reconnaître la nullité du premier mariage religieux. Cette pratique n’est pas nouvelle mais prend de l’ampleur en donnant un nouvel espoir à de nombreux couples en échec souhaitant bénéficier d’une autre chance. La procédure a la forme d’un procès mais se fait sur dossier.
L’annulation d’un mariage : une solution de plus en plus fréquente
En principe, les institutions catholiques peuvent reconnaitre la nullité du premier mariage religieux pour remettre en question l’existence d’un véritable engagement sacramentel des époux dès le début de leur mariage. Les cas sont en revanche précis et doivent être prouvés. Il existe différents motifs de nullité :
- Les cas de mariage forcé, de violence ou de crainte vis-à-vis de son époux ;
- Le consentement non éclairé: défaut de discernement d’un des conjoints, dol (dissimulation d’un élément de la vie d’un des deux conjoints), erreur sur la personne (dans le cas où un conjoint révèle une nature tout à fait différente après son mariage) ;
- L’incapacité à assumer les obligations essentielles du mariage ;
- Les différentes exclusions, soit le refus de la part d’un des deux conjoints de mener une vie conjugale traditionnelle : refus définitif de procréer, d’être fidèle ou d’honorer son serment matrimonial.
La procédure d’annulation d’un mariage religieux est longue (de 1 a 2 ans) et son issue est souvent incertaine. Sous l’influence du Pape François, l’Eglise catholique tend cependant à étudier avec une psychologie différente les différents dossiers pour redonner une chance aux personnes ayant connu un premier échec de mariage et leur permettre de refonder une famille suite à une nouvelle rencontre amoureuse.
La procédure d’annulation du premier mariage
Si vous souhaitez faire annuler votre premier mariage pour pouvoir vous remarier à l’église, il faudra donc vous assurer de la validité de votre motif et pouvoir le prouver à l’Eglise. Lorsque l’un des conjoints a le sentiment de pouvoir déclarer son premier mariage comme nul, la première étape est de contacter l’Officialité diocésaine. Le tribunal compétent est celui du lieu de la célébration du mariage, qui peut être sur le lieu de domicile du conjoint demandeur d’annulation ou du défendeur.
Il faudra rédiger une lettre exposant les raisons de votre demande. Il est conseillé de s’adresser à un avocat ecclésiastique pour s’assurer de présenter correctement son motif de nullité.
Une fois le motif de nullité retenu, la cause devra être instruite et discutée avant que les juges ne prennent une décision. Il est possible de faire appel à la décision des juges en cas de réponse négative.
La question du remariage à l’église suscite des frustrations pour les catholiques divorcés et remariés. Outre l’impossibilité de se remarier religieusement en cas de refus d’annulation, il leur est également impossible de recevoir la communion. La procédure de nullité commence à gagner du terrain, toutefois les motifs sont encore jugés trop peu nombreux et restreignent grandement les possibilités des divorcés. L’enjeu du synode est ici de réussir à concilier l’Evangile avec une application plus flexible de la doctrine selon le cas concret des personnes, sans avoir à remettre en cause ses croyances et sa foi en les liens sacrés du mariage. L’Eglise peut ainsi s’adapter à l’hétérogénéité de la communauté catholique.